Alors que le rôle des technologies gagne en importance dans les entreprises, il est urgent, pour éviter les dérives, de mettre en place des règles encadrant leur utilisation.
Ce sont les machines et les technologies qui nous dirigent de plus en plus, nous en devenons prisonniers et dépendants. Gare à celles et ceux qui ne suivent pas le mouvement, elles/ils risquent d’être de plus en plus marginalisés. L’abrutissement nous guette. Dans beaucoup de domaines, nous ne faisons plus d’efforts, nous dépendons de ces algorithmes qui décident pour nous et nous orientent vers tel ou tel type de comportement ou de choix. Nous sommes en train de transférer l’autorité de l’humain à la machine.
Dans la vie professionnelle, l’humain est de plus en plus remplacé par des instruments et des machines qui vont plus vite, sans faire d’erreurs et sans éprouver la moindre fatigue. Dans l’industrie, plus besoin de délocaliser les productions ; aux supermarchés, bientôt plus de caissières ; dans les centres d’appels, tout passera bientôt par des machines programmées pour répondre aux clients. Dans le secteur financier, plusieurs changements structurels obligent les banques à industrialiser et à automatiser leurs processus, par exemple, dans la gestion de leurs sites, dans leur organisation interne ou dans la conception de leur gamme de produits et services. Dans presque tous les domaines, c’est la course au profit, et tant pis pour ceux qui restent sur la touche. Même dans les départements des ressources humaines, il y a un certain temps déjà que l’automatisation a été introduite pour les recrutements. Il existe aujourd’hui de nouveaux outils qui peuvent prendre les décisions impopulaires à la place des ressources humaines ou des managers, comme licencier des personnes. IBM a créé un programme qui va dans ce sens. Il s’appelle People Analytics.
Désolé, chers collaborateurs, vous êtes virés, mais ce n’est pas moi qui ai décidé : c’est la machine.
Où va-t-on ?
Relativisons, il n’y a pas que des points négatifs dans l’apport des nouvelles technologies !
Dans certains cas, cela amène une plus-value en termes de confort et de qualité de vie. C’est aussi la possibilité d’accélérer l’innovation, comme, par exemple, dans le domaine médical, avec des évolutions fantastiques pour le traitement de certaines maladies, ou dans celui de l’automobile avec, par exemple, l’électronique embarquée qui a grandement augmenté la sécurité routière. La liste est loin d’être exhaustive !
Règles d’utilisation
Aujourd’hui, dans le monde, il n’existe pas ou peu de principes qui clarifient l’apport des nouvelles technologies dans tel ou tel secteur. Il faut absolument mettre en place des règles d’utilisation, revoir nos responsabilités individuelles et créer un système de valeurs qui respecte l’être humain, sans que les notions de profitabilité et d’efficience disparaissent. Nous devons aussi faire évoluer la notion d’éthique, afin de nous permettre de ne pas tout sacrifier sur l’autel de la profitabilité, sans quoi les dérives nous guettent dans des domaines aussi sensibles que l’armement, la manipulation génétique ou l’intelligence artificielle.
Le futuriste Gerd Leonhard, qui publiera le 8 septembre prochain son nouveau livre, Technology versus Humanity, nous prévient que sans la mise en place d’un encadrement validé par les dirigeants et politiques qui nous gouvernent, il sera difficile de bénéficier des bienfaits des nouvelles technologies sur le long terme. Si nous arrivons à relever ce défi, nous pourrons vivre mieux, plus sainement et plus longtemps. Ce sont les conditions pour que l’homme reste humain.
Qu’en est-il aujourd’hui au sein de votre entreprise ? Comment gérez-vous le développement technologique tout en respectant une charte éthique qui permet à l’humain de (re)trouver sa place ?