Au travail comme dans la vie, certains événements peuvent nous faire perdre pied. Comment faire pour renaître ?
Les attentats de Paris et Bruxelles nous montrent de manière spectaculaire que des événements aussi tragiques peuvent nous faire basculer, nous et notre entourage, d’un instant à l’autre, dans une sorte d’abîme dont il sera, pour certains, difficile de sortir. Sans aller aussi loin dans l’horreur, nous sommes aussi confrontés aujourd’hui, dans notre vie professionnelle à des événements traumatisants, tels que les conséquences des transformations dues à la globalisation et aux changements de paradigmes, matérialisés par des restructurations où sont sacrifiés, sur l’autel du profit, des femmes et des hommes qui, pour la plupart, n’ont jamais démérité. Leur malheur : ne pas être la bonne personne, au bon endroit, au bon moment. Pas de bol ! Pour les plus chanceux, c’est un changement plus ou moins important dans leur façon de travailler. Pour d’autres, cela peut se concrétiser par une délocalisation, avec tout ce que cela implique comme capacité d’adaptation pour le collaborateur concerné et sa famille, tout en étant conscient de l’épée de Damoclès que peut représenter la prochaine décision stratégique. Au pire, c’est le licenciement.
Plan humain
Vous me direz : « C’est déjà arrivé à d’autres avant, et ça arrivera à d’autres après ». Certes… Ce que nous aimerions soulever ici, c’est la façon peu professionnelle dont procèdent certaines entreprises. On peut comprendre qu’il y ait, dans certains cas, une réalité économique qui incite les dirigeants à prendre des décisions impopulaires, mais cela ne devrait pas les empêcher d’avoir un minimum d’éthique, et de respecter les valeurs qu’ils ont mises en place et prônées en période de « vaches grasses ». Je me pose souvent la question de savoir s’ils se rendent compte de l’impact qu’a leur façon d’agir sur les « survivants » (on pense ici à ceux qui, pour l’instant, sont encore au sein de l’entreprise), et sur leur degré de motivation. Dans beaucoup de cas, ils trouvent leur légitimité dans l’écho positif que leur renvoie la courbe de l’action en bourse de leur société, et dans le degré de satisfaction de leurs actionnaires. Mais, quand on est du côté des « perdants », comment faire pour rebondir après un licenciement, si en plus on s’est senti peu ou pas considéré sur le plan humain ? Il est vrai que, dans certains cas, et parfois pour se donner bonne conscience, les entreprises offrent un outplacement à tout ou partie des collaborateurs licenciés.
Mais la question est : « Comment renaître de sa souffrance ? », pour reprendre les termes chers au psychiatre Boris Cyrulnik, qui a rendu populaire le concept de « résilience » en psychologie. La résilience désigne la capacité pour un corps, un organisme, une organisation ou un système quelconque à retrouver ses propriétés initiales après une altération. Avoir une capacité de résilience ne veut pas dire vite oublier, rebondir le plus rapidement possible. Faire le deuil de d’une étape professionnelle révolue est primordial. Cela peut prendre du temps, et cela diffère beaucoup d’une personne à l’autre. Comment créer les conditions propices pour faire ce chemin avant d’imaginer un futur professionnel ? Ne pas prendre le temps pour évacuer, comprendre, analyser le pourquoi du comment et se lancer immédiatement dans la recherche d’un nouvel emploi pourrait être dommageable. De plus, le choix précipité d’une nouvelle activité, sans le recul nécessaire, pourrait se révéler rapidement être une erreur. Pensez aux conséquences psychologiques qu’impliquerait cet échec – ce nouvel échec.
Etre au clair avec soi-même
Etre au clair avec soi-même, savoir quelle est notre histoire, et comment la raconter, fait partie du chemin à accomplir. La société industrialisée du XXIe siècle, dans laquelle nous vivons, nous pousse à agir vite ? Oui, mais pas de manière précipitée et irréfléchie. Comme les traumatisés de Paris et de Bruxelles, toutes proportions gardées, faites-vous aider, accompagner par des professionnels, médecin, psychologue, avocat, coach. Saisissez cet accident de parcours, ou ce signe du destin, pour tourner ce négatif en positif, en profitant de faire un bilan de carrière, de compétences et/ou une remise en question plus profonde de votre vie, et de votre orientation future, au sens large du terme. C’est un investissement dont vous retirerez durablement les fruits.
N’est-ce pas le bon moment pour l’envisager ?
————————–
A lire : Boris Cyrulnik, Psychologie de la résilience, Armand Colin, Paris, 2015.